Après la pluie, l’espoir d’un retour du beau temps sur les marchés obligataires.

Après la pluie, l’espoir d’un retour du beau temps sur les marchés obligataires.

En 2022, la forte hausse des taux et des spreads à a provoqué des performances négatives sur tous les segments du marché obligataire.

De manière contre-intuitive, les segments considérés comme les plus sûrs ont connu les plus forts replis. Ainsi, les obligations d’Etat de la zone euro ont enregistré, toutes maturités confondues, une performance de -18,2 % en 2022. Les obligations d’entreprises de catégorie investment grade ont réalisé une performance de -14 %. Enfin, les titres high yield, théoriquement plus risqués, ont fini l’année à – 11,2 %.

La résistance des titres high yield s’explique surtout par leur meilleur « portage ».

Ainsi, le surplus de rendement offert par ces titres a permis aux investisseurs de bénéficier d’un « coussin » pour amortir l’effet négatif de la hausse des taux et des spreads. A l’inverse, les titres du segment souverain, associés en début d’année 2022 à des taux d’intérêt très faibles, voire négatifs, n’ont disposé d’aucun soutien pour freiner leur chute.

On notera que malgré ce contexte, certains gérants obligataires avaient la possibilité de dégager des performances positives en optant pour des portefeuilles à duration négative, cette stratégie permettant de bénéficier de la hausse des taux, au lieu d’en pâtir.

A l’évidence, la situation n’est désormais plus la même qu’il y a un an. Certes, le risque de hausse des taux et des spreads est toujours présent car les banques centrales n’ont pas terminé leur resserrement monétaire.

Mais avec des taux d’intérêt atteignant actuellement 3 % à 4 % sur l’investment grade et 6 % à 8 % sur le high yield, nul doute qu’une bonne partie de cette hausse a d’ores et déjà été réalisée et que le portage retrouve désormais une certaine attractivité.

Quid de l’année 2023 ?

Ce regain d’intérêt se traduit notamment par l’actuelle popularité des fonds à maturité, permettant aux investisseurs de « figer » leurs rendements pour plusieurs années, en profitant de la récente hausse des taux. Contrairement aux années précédentes, ces fonds n’ont plus besoin d’aller chercher des risques importants sur le segment high yield pour offrir des rendements intéressants.

Pour les particuliers, la situation rebat également les cartes dans le monde de l’assurance-vie. Les fonds en euros, longtemps prisés des investisseurs, ne peuvent pas suivre une telle hausse des taux. Leurs rendements risquent ainsi de devenir inférieurs à ceux du marché monétaire. Cette situation pourrait accélérer le retour en grâce des unités de compte et raviver l’intérêt des investisseurs pour le segment obligataire, après l’orage de l’année 2022.

Par Eléonore Bunel « Directrice de la gestion obligataire chez Lazard Frères Gestion. Actifs Février 2023.